NOUVEAU : Publication par la Camerata de Bern du CD « Exile » dans lequel figure le 2nd quatuor op. 18 de Wyschnegradsky.
 

 
En-tête de la page bibliographie du site figure à présent un texte très touchant de souvenirs que la danseuse et chorégraphe américaine Margaret Fisher vient d’écrire à notre demande à propos de sa rencontre avec Ivan Wyschnegradsky à Paris en 1977.
 
Nouvelle publication à voir sur la page videos du site : la Méditation sur deux thèmes de La Journée de l’Existence op. 7, avec Katharina Gohl Moser, violoncelle et Anton Kernjak, piano, réalisée par La Pataconera en février 2024 à Bâle.
 
L’American Festival of Microtonal Music de New-York a réalisé une compilation de plusieurs œuvres d’Ivan Wyschnegradsky qu’ils avaient publiées en CDs au cours de ces 30 dernières années : https://johnnyreinhard.bandcamp.com/album/ivan-wyschnegradsky-pierce-jonas-tom-chiu-johnny-reinhard-dan-auerbach-soldier-string-quartet-american-festival-of-microtonal-music
 
Si vous êtes en mesure de nous communiquer le détail d’un concert, de recherches ou d’une manifestation autour d’Ivan Wyschnegradsky, merci de bien vouloir nous en informer.
 
 

EDITO

 
NB Les précédents éditos sont consultables en cliquant ici.
 
 

Concert à St-Pierre de Montmartre du 02/03/2025. Trio de Wyschnegradsky, avec Nathalie Forget, Pierre-Emmanuel Hurpeau et Kevin Plante - Photo Joël Houzet

Concert à St-Pierre de Montmartre du 02/03/2025. Trio de Wyschnegradsky, avec Nathalie Forget, Pierre-Emmanuel Hurpeau et Kevin Plante – Photo Joël Houzet


Deux concerts mettant à l’honneur les Ondes Martenot viennent d’avoir lieu à Paris, le 2 mars à l’église Saint-Pierre de Montmartre et le 5 avril à la Médiathèque du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Le premier concert était exclusivement consacré à des œuvres pour 1 à 4 Ondes Martenot, de Claude Ballif, Judith Ring, Imsu Choi, Tristan Murail, Pierre-Emmanuel Hurpeau, Junichi Ariki, Ivan Wyschnegradsky et Olivier Messiaen. Le second concert, intitulé Univers du Micro-intervalle faisait côtoyer le piano Carrillo en 1/16ème de ton avec les Ondes Martenot dans des oeuvres de Claude Ballif, Pascale Criton, Bruce Mather, Alain Moëne et à nouveau la Composition pour Trio d’ondes Martenot d’Ivan Wyschnegradsky.
 
Nous avons demandé à Nathalie Forget, professeure d’Ondes Martenot au Conservatoire National Supérieur de Paris, de bien vouloir nous présenter son instrument.
 
Rappelons qu’Ivan Wyschnegradsky l’a utilisé dans nombre de ses œuvres, de musique de chambre ou avec orchestre : les 2 Transparences op. 35 et op. 47 pour Ondes Martenot et 2 pianos accordés à distance d’1/4 de ton, le 4ème Fragment symphonique pour Ondes Martenot et 4 pianos, l’Etude sur les Mouvements rotatoires op. 45b pour 3 pianos, ondes Martenot, orchestre et chœurs, les Polyphonies spatiales op. 39 pour orchestre de chambre, la Symphonie en un Mouvement op. 51b pour grand orchestre, la Composition pour Trio et pour Quatuor d’Ondes op. 52 et l’Affirmation du Paradoxe éthique pour 2 barytons, Ondes Martenot et 6 pianos accordés à distance d’1/4, d’1/6ème et d’un 1/12ème de ton. Pour plus de précisions, voir le Catalogue et la Discographie du présent site.
 
L’ONDE MARTENOT
 
L’onde Martenot est un instrument électroacoustique composé d’un « corps » relié à différents haut-parleurs. Ce corps est constitué d’une réglette avec une bague et un fil (enroulé à un potentiomètre), d’un clavier suspendu, d’un tiroir avec une touche d’expression et où le musicien choisira ses timbres ainsi que ses haut-parleurs, enfin, d’une pédale remplaçant la touche d’expression. L’onde Martenot est monophonique et couvre 8 octaves ou même plus, selon les modèles.
 
Le jeu à la bague est véritablement le cœur de l’instrument. Il permet des glissades allant des infra-sons aux quasi-ultrasons, vives, tranchantes ou d’une lenteur inhumaine, mais également un jeu mélodique extrêmement fluide et continu comme dans la musique d’Olivier Messiaen. Le clavier vient compléter la bague en permettant toute une gamme de vibratos et une vitesse d’enchaînement de notes (tempérées ou en ¼ de ton) impossible à la bague, un jeu créant des illusions de polyphonie (que l’on trouvera exploité notamment chez Tristan Murail), ainsi que des attaques en claquements.
 
Enfin, la touche d’expression offre des dynamiques étonnantes, du son filé à des intensités douloureuses, des attaques liées, lourées, piquées, accentuées, percutées, percutées-tenues, frappées et toute une gamme de flatterzung…
 
Il existe quatre types de haut-parleurs : un principal, une réverbération, le métallique et la palme (respectivement des ressorts, un gong et des cordes sont mis en vibration par les sons), et une palette de timbres allant de sons excessivement doux à nasillards ou même accompagnés voir remplacés par du souffle (bruit blanc).
 
Ondes Musicales Martenot, circa 1946/50 (corps, haut-parleur principal, métallique et palme)

Ondes Musicales Martenot, circa 1946/50 (corps, haut-parleur principal, métallique et palme)


Il fut présenté et joué pour la première fois en 1928 à l’opéra de Paris. Il est impossible de classifier l’évolution de la lutherie des ondes car il n’y a pas deux instruments identiques ni deux haut-parleurs produisant exactement le même son ; tous les instruments sont construits de manière artisanale et unique, mais l’on peut globalement estimer, de manière imparfaite, que Maurice Martenot a construit sept modèles d’ondes musicales (d’abord à lampes puis transistorisés) de 1928 à 1980. Un huitième modèle fut conçu par son fils Jean-Louis Martenot autour de 1997, puis un 9ème modèle par M. Oliva en 2004 ; un 10ème modèle est conçu en France par M. Dierstein depuis 2011 ainsi qu’un modèle au Japon par M. Omo et au Canada par M. Kean.
 
Plus de 800 compositeurs ont écrit pour ondes dont André Jolivet, Edgar Varèse, Arthur Honegger, Darius Milhaud, Marcel Landowski, Olivier Messiaen, Giacinto Scelsi, Charles Koechlin, Germaine Tailleferre, Bohuslav Martinu, Tristan Murail, Claude Ballif, Giacomo Manzoni, Ivan Wyschnegradsky, Sylvano Bussotti, Claude Vivier, Fernand Vandenbogaerde, Akira Nishimura, Alain Louvier, Pierre Boulez, BetsyJolas, Michaël Lévinas, Bernard Parmegiani ou Thomas Adès pour n’en citer que quelques-uns.
 
Les ondes sont très présentes dans la musique de film (dans des œuvres de Franju, Schlondorff, Joseph Losey à Brian de Palma ou Imamura), avec des compositions de Barry Gray, Elmer Bernstein ou Maurice Jarre par exemple ; l’instrument est également très exploité dans la musique de scène et de ballet (Paul Claudel ou Antonin Artaud, par exemple, s’intéressèrent de près à l’instrument) et dans la musique populaire (de Jacques Brel et Léo Ferré à Kraftwerk, Bjork, Radiohead et Zaho de Sagazan).
 
La toute première classe d’ondes fut ouverte par le Conservatoire National de Paris en 1947, avec Maurice Martenot comme professeur, à qui succéderont Jeanne Loriod en 1970 puis Valérie Hartmann-Claverie depuis 1993. Cette classe symbolique pour l’instrument est toujours vivante au CNSMDP où j’ai la chance d’enseigner aujourd’hui. De ce premier pôle d’enseignement vont éclore d’autres classes qui n’ont pas toujours résisté au temps mais les ondes restent aujourd’hui enseignées, outre au CNSMDP, aux CRR de Boulogne-Billancourt et de Strasbourg, au CRD d’Evry, au Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec et au Collège d’Ikebukuro au Japon.
 
Si l’instrument est d’origine française, il est également très vivant et joué au Canada, au Japon et bien-sûr en Europe par une cinquantaine d’ondistes, tous styles de musique confondus. De nombreux compositeurs continuent d’explorer et de voyager avec les ondes (Campo, Adamek, Criton, Tanada, Rønsholdt, Gaussin, Vodenitcharov, Zorina, Suarez di Fuente, Kazerouni, Choi, Lacaze, Markeas…)
 
Il est important de garder l’imagination et la recherche en vie. Pour moi, c’est un instrument d’excès qui résiste à toute classification. Alors que le premier matériau des ondes est assez immatériel (l’électricité), cet instrument est cependant très lié au corps, hypersensible, allant de palpitations et battements de cœur aux cris.
 
C’est un véritable jouet sonore gigantesque à la voix idéale d’une extrême et impossible douceur, avec des vibrations de couleurs infinies jusqu’à la violence de l’explosion. L’onde a des possibilités infinies contre la raideur et les limites d’un monde matérialiste, dur et oubliant l’amour. Et c’est un monde sonore qu’il reste à explorer.
 
Nathalie Forget – avril 2025
 
Pour un répertoire choisi, des photos et des extraits sonores : www.nathalieforgetondes.com
 
 
Palmes - Photo Nathalie Forget

Palmes – Photo Nathalie Forget


 
 

IVAN WYSCHNEGRADSKY

 
« J’aurais pu être poète, philosophe ou musicien. J’ai choisi la musique : je suis donc compositeur. »
 
Ivan Wyschnegradsky, né à Saint-Pétersbourg en 1893, a vécu à Paris de 1920 jusqu’à sa mort en 1979. Admiré par de nombreux compositeurs, parmi lesquels on peut citer Olivier Messiaen, Henri Dutilleux, Bruce Mather, Alain Bancquart et Claude Ballif, Ivan Wyschnegradsky est reconnu par le monde musical comme un des pionniers de la musique du XXème siècle.
 
 
Ivan Wyschnegradsky, 1979 - Photo René Block
 
Le piano en 1/4 de ton de Ivan Wyschnegradsky, qu’il avait commandé en 1927 à la manufacture August Förster, après avoir été chez Claude Ballif à qui Ivan Wyschnegradsky l’avait légué, est, depuis 2009, la propriété de la Fondation Paul-Sacher à Bâle. Photo René Block (1979).



 

Association Ivan Wyschnegradsky - dernière mise à jour 16 avril 2025